Vue du Château de Prague
Vue du centre historique de Prague

La République Tchèque

L'essentiel de la Tchéquie en 3 volets. Retrouvez les liens vers les volets 1 & 3 en bas de page.

Aujourd'hui le volet 2:

02. Histoire de la Tchéquie

Les origines

Les origines de l'identité tchèque remonte aux Přemyslides, première dynastie princière puis royale qui a régnée du IXème siècle à 1306 sur la Bohême et la Moravie et jusqu'en 1521 en Silésie. Le Royaume de Bohême est créé à la fin du XIIème siècle et existera jusqu'en 1918, date de la création de la première République Tchécoslovaque. Le Royaume de Bohême fait partie du Saint-Empire Romain Germanique jusqu'en 1806 puis de l'Empire Autrichien jusqu'en 1867 et enfin de l'Empire Austro-Hongrois dont il obtient l'indépendance en 1918.

Prague capitale impériale

Jusqu'au début du XVIIème siècle, en plus d'être la capitale du Royaume de Bohême, Prague sera occasionnellement la capitale du Saint-Empire Romain Germanique lorsque celui-ci sera dirigé par un Roi de Bohême. Le plus connu des Rois de Bohême sacré Empereur fût Charles IV (Retrouvez son histoire dans le volet 3 de notre rubrique) qui régna lors de la seconde moitié du XIVème siècle. Sous son règne, Prague devient une capitale économique et culturelle de premier plan en Europe.

La fin définitive de l'autonomie du Royaume

La révolte de Bohême de 1618 visant à remplacer la religion catholique imposée par le Saint-Empire, par l'Eglise tchèque hussite, créée au XVème siècle et précurseuse du mouvement protestant, a entrainé la guerre de Trente ans et la défaite du Royaume de Bohême à la bataille de la Montagne Blanche dans les environs de Prague en 1620. Lors de cette bataille, l'alliance composée du Saint-Empire Romain Germanique, de la Ligue catholique (regroupant les états allemands catholiques) et de l'armée de la monarchie espagnole, a obtenu une victoire écrasante contre l'armée du Roi de Bohême, protestant, Frédéric Ier. Cette défaite met fin définitivement à l'indépendance du Royaume de Bohême. Les responsables de la révolte de Bohême sont condamnés à mort et exécutés sur la place de la Vieille Ville en 1621. La Bohême devient une province autrichienne et subit une campagne de catholisation et de germanisation. L'église tchèque hussite est abolie ainsi que la langue tchèque. La couronne de Bohême devient héréditaire au profit de la dynastie autrichienne des Habsbourg et le siège de la cour de Bohême transférée à Vienne. Cette situation de soumission perdurera après la dissolution du Saint-Empire en 1806, la Bohême passant d'abord sous domination de l'empire d'Autriche, puis d'Autriche-Hongrie en 1867.

La 1ère et 2ème République

La dissolution de l'empire d'Autriche-Hongrie à la fin de la Première Guerre Mondiale, permet la création de la Tchécoslovaquie qui existera du 28 octobre 1918 au 31 décembre 1992. Le pays regroupe alors la Tchéquie, la Slovaquie et la Ruthénie subcarpathique située au Sud-Est de la Slovaquie.

La Première République s'étend de 1918, date de la création de l'État tchécoslovaque à 1939 date de l'instauration du protectorat de Bohême-Moravie par l'Allemagne Nazi. La Première République est un régime parlementaire démocratique. Elle promulgue de nombreuses réformes dans les domaines du logement, de la sécurité sociale et du droit des travailleurs. Elle abolit tous les titres de noblesse en nationalisant 90% des immenses domaines des aristocrates et redistribue les terres aux paysans locaux. En 1929, le PIB avait augmenté de 52% et la production industrielle de 41% par rapport à 1913. En 1938 le pays occupe la dixième place dans la production industrielle mondiale.

À la fin des années 1930 le pays va être coupé en 4:

  • le 30 septembre 1938 les territoires germanophones de la Bohême (les Sudètes) sont annexés par l'Allemagne
  • le 14 mars 1939 la Slovaquie accède à l'indépendance sous "protection" du Reich
  • le 15 mars 1939 la Bohême et la Moravie sont incorporées au Reich lors de la création du protectorat de Bohême-Moravie
  • le 19 mars 1939 la Ruthénie est annexée par la Hongrie

Cette période entre 1938 et 1939 correspond à la deuxième République Tchécoslovaque. Du fait des annexions successives du pays, le président Tchécoslovaque, Edvard Beneš, doit s'exiler à Chicago le 5 octobre 1938 puis à Londres.

La 3ème République

Edvard Beneš fonde en exil le Gouvernement provisoire tchécoslovaque, auquel demeurent fidèles des troupes tchécoslovaques qui participent à la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Alliés. Le 4 avril 1945, Edvard Beneš revient sur le territoire tchécoslovaque libéré par les armées soviétiques, roumaines et tchécoslovaques et forme un gouvernement de coalition: c'est la Troisième république tchécoslovaque qui durant trois ans tente de sauvegarder son indépendance. Mais son sort est déjà scellé depuis les conférences interalliées de Moscou (octobre 1944) et de Yalta (février 1945), rien n'empêche donc le Parti communiste tchécoslovaque de s'assurer l'exclusivité du pouvoir. En outre, le pays doit céder la Ruthénie subcarpatique à l'URSS qui l'intègre à sa république socialiste soviétique d'Ukraine.

En 1945 Edvard Beneš promulgue une série de décrets, connus sous le nom de décrets Beneš, qui ont pour but de nationaliser l'industrie, d'expulser les ressortissants des minorités nationales allemande et hongroise et de confisquer tous leurs biens ainsi que tous ceux des collaborateurs de l'Allemagne nazi et de certaines organisations comme l'Église catholique. Ces décrets étaient motivés par le fait que les allemands des Sudètes et les hongrois de Slovaquie avaient grandement favorisés l'annexion du pays par l'Allemagne et la Hongrie.

Les expulsions s'étaleront de 1945 à 1949. On estime que sur les 3,2 millions d'allemands vivant en Tchécoslovaquie avant-guerre, 2,6 millions ont été expulsé. Les 600 000 restants sont morts au service de l'armée allemande pendant la guerre ou ont fui vers l'Allemagne lors de l'avancée de l'Armée Rouge. En Slovaquie ce sont 400 000 hongrois qui sont expulsés vers la Hongrie.

La Tchécoslovaquie communiste

La démocratie tchécoslovaque, rétablie en 1945, est à nouveau abolie par le « coup de Prague » de 1948, lorsque le Parti communiste tchécoslovaque impose sa dictature. Cette prise de contrôle, menée avec le soutient de l'Union soviétique, aboutit au remplacement de le Troisième République par un régime communiste qui existera jusqu'en 1989.

Après la Seconde Guerre mondiale, la Tchécoslovaquie est le seul pays d'Europe centrale à avoir une longue expérience démocratique. En 1946 ont lieu des élections qui voit le renforcement du Parti communiste tchécoslovaque qui obtient 38% des voix. Les élections restent pluralistes et démocratiques et les électeurs ont le choix entre 5 partis politiques. Les communistes ne possèdent que 9 portefeuilles ministériels sur 26 mais trois sont extrêment stratégiques: Klement Gottwald est Premier ministre, Václav Nosek est ministre de l'Intérieur et Ludvík Svoboda ministre de la Défense.

En juillet 1947 à l'annonce du Plan Marschall Gottwald est convoqué par Staline pour couper court à toutes tentatives de rejoindre l'Ouest. Le plan Marshal qui était d'abord approuvé à l'unanimité par le gouvernement est finalement rejetté à l'unanimité quelques jours plus tard.

La crise éclate le 17 février 1948 quand le ministre de l'Intérieur promeut huit nouveaux commissaires de police communistes à Prague. Ces nominations provoque une protestation et la démission du gouvernement de douze ministres non-communistes sur vingt-six. Les ministres démissionnaires pensent provoquer une crise politique, mais au contraire, créent un vide au sein du pouvoir exécutif qui va favoriser leur adversaires communistes qui vont pouvoir s'emparer du pouvoir. Gottwald propose un nouveau gouvernement au Président Edvard Beneš. Les démissionnaires sont remplacés par des politiques issus de l'aile gauche du Parti social-démocrate favorables au Parti communiste. Des centaines d'opposants sont arrêtés. Jan Masaryk ministre des Affaires Étrangères, démocrate et favorable au rapprochement avec l'Ouest est retrouvé mort le 10 mars 1948, sous les fenêtres de son ministère. La police conclut à un suicide alors que beaucoup croient à un assassinat politique dans ce qui serait l'une des dernières défenestrations de Prague. Hypothèse confirmée lors d'une enquête de 2004. Le Parti communiste et le Parti social-démocrate fusionnent, et les partis de droite se retrouvent isolés. De nouvelles élections sont organisées le 30 mai 1948 avec une liste communiste sans aucune opposition et donnent 90% de voix au gouvernement. Klement Gottwald devient président. Une purge commencera dès lors pour éliminer physiquement tous les opposants au communisme dans des simulacres de procès où les accusés sont condamnés à mort.

À l'Ouest, le coup de Prague provoque une émotion considérable, parce que la Tchécoslovaquie était le plus occidentalisé des pays d'Europe centrale et orientale sur les plans historique et politique. Pour les opinions publiques dans le monde, ce Coup de Prague marque véritablement l'entrée de l'Europe dans la guerre froide. Les communistes resteront au pouvoir jusqu'en 1989. Une timide libéralisation en 1968, appelée « Printemps de Prague », entraîne l'intervention des forces du Pacte de Varsovie qui fait capoter ce qu'Alexander Dubček (Retrouvez son histoire dans le volet 3 de notre rubrique) a appelé la « dernière chance de sauver le socialisme réel » et referme le pays pour vingt ans de répression : c'est la « Normalisation ».

Finalement, à partir du milieu des années 1980, les politiques de « glasnost » et de « perestroïka » mise en place par Gorbatchev en URSS aboutit à l'ouverture du rideau de fer qui oblige le parti communiste tchécoslovaque à desserrer son étreinte et finalement à abandonner le pouvoir : c'est la « révolution de velours » du 28 novembre 1989. Le 10 décembre, le premier gouvernement non-communiste est formé. Alexander Dubček, qui vingt ans auparavant avait initié le « socialisme à visage humain », est élu à la tête du parlement le 28 décembre ; le lendemain, le porte-parole de la contestation, le dramaturge dissident Václav Havel, est élu à la présidence de la fédération, peu après rebaptisée République fédérale tchèque et slovaque. Mais la Slovaquie et la Tchéquie ont des divergences fortes. La première demande plus de décentralisation alors que la seconde souhaite un état fédéral fort capable de représenter les deux nations face aux exigences de l'Union européenne. Finalement le 17 juillet 1992, le parlement slovaque adopte la déclaration d'indépendance de l'état slovaque. La dissolution de la Tchécoslovaquie devient effective le 31 décembre 1992 à minuit. Elle laisse la place au deux nouveaux État que sont la Tchéquie et la Slovaquie.

Par référendum en date du 14 juin 2003, 77,3% des tchèques votants approuvent l'adhésion à l'union européenne. Adhésion qui devient effective le 1er mai 2004. Trois ans plus tard, le 21 décembre 2007, elle intègre l'espace Schengen et assurera dès 2009, sa première présidence du Conseil de l'Union européenne.

Continuez votre découverte de la Tchéquie avec le volet 3 concernant les figures historiques tchèques et retrouvez le volet 1 consacré aux infos générales