Libuše, Charles IV, Jan Hus et Tomáš Masaryk
Libuše, Charles IV, Jan Hus et Tomáš Masaryk

La République Tchèque

L'essentiel de la Tchéquie en 3 volets. Retrouvez les liens vers les volets 1 & 2 en bas de page.

Aujourd'hui le volet 3:

03. Les figures historiques

Retrouvez ici les grandes figures historiques, symboles de l'identité et de la culture tchèque.

Sámo

Statue de Samo à Ratíškovice
Statue de Samo à Ratíškovice

Sámo est un Franc né vers l'an 600 et mort vers 658 et est le régent du premier État slave d'Europe centrale. Il est identifié comme le fondateur de l'histoire de la Bohême, de la Moravie et de la Slovaquie.

Sámo a uni les tribus slaves pour se défendre contre les invasions fréquentes des Avars et des Francs. Grâce à ses compétences en matière de guerre, il a acquis une position élevée parmi les Slaves, et finalement une sorte d'«empire» a été créé sous sa direction, qui était une confédération tribale avec des règles monarchiques. On ne sait rien de ce qu'est devenu l'empire après la mort de Sámo mais on suppose que les tribus slaves se sont à nouveau séparées et se sont développées indépendamment.

Čech

Gravure de Čech
Gravure de Čech

Figure mythique qui à donné son nom aux Tchèques. Selon la légende, Čech et ses frères Lech et Rus vivaient dans les terres de la Croatie Blanche (dans l'actuelle Pologne orientale). Les guerres devenaient de plus en plus fréquentes. Un jour, ils décidèrent de quitter ces troubles. Ils réunirent leurs clans respectifs et partirent vers l'ouest, atteignirent une montagne qu'ils dénommèrent Říp (situé au Nord de Prague) et décidèrent de s'installer dans la vallée attenante. Le clan décida de nommer cette terre selon le nom de leur chef: Tchéquie (Čech). Dans le même temps Lech aurait fondé la Pologne (appelé aussi Lechia) et Rus, la Ruthénie. Les 3 frères auraient vécu approximativement à l'époque de Sámo.

Krok

Autre figure légendaire qui aurait vécu au tournant des VIIème et VIIIème siècle. Il est nommé comme étant le premier duc légendaire de l'histoire de la Bohême. Selon la légende, après la mort de Čech, le gouvernement fut proposé à son frère Lech. Celui-ci refusa et conseilla Krok, le chef d'un puissant clan, qui accepta cette charge. Krok fit construire un château situé au cœur d'une épaisse forêt sur la rive droite de la Vltava qui reçu le nom de Vyšehrad.

Libuše

Sculpture de Libuše rue Karlova à Prague
Sculpture de Libuše rue Karlova à Prague

Libuše était la plus jeune des trois filles de Krok. Elle était douée du don de prophétie, et son père la choisit comme successeur. On dit qu'elle rendait la justice sous un tilleul. Une partie de son peuple, qui ne supportait pas d'être dirigé par une femme, lui demandèrent de choisir un époux. Elle choisit Přemysl, un laboureur, qu'elle épousa et qui lui donna trois fils dont Nezamysl qui devint le premier des sept princes mythiques de Bohême. Přemysl donna son nom à la dynastie Přemyslides qui régna sur la Bohême jusqu'en 1306. Selon la légende Libuše aurait conseillé aux tchèques de fonder Prague en leur indiquant l'endroit précis où il devait le faire.

Charles IV

Peinture de Charles IV par Maître Théodoric
Charles IV par Maître Théodoric

Il est le fils de Jean 1er, qui était le premier roi de lignée dynastique (Maison de Luxembourg) à succéder aux Přemyslides. Charles lui succède en tant que Roi de Bohême en 1346 avec le nom Charles 1er et devient empereur du Saint-Empire Romain Germanique en 1355 sous le nom Charles IV. Il occupera ces deux fonctions jusqu'à sa mort, le 29 novembre 1378. Il est le premier Roi de Bohême à devenir Empereur du Saint-Empire. Son père, qui souhaitait soustraire son fils de l'influence maternelle, l'élève au château de Křivoklát, situé à 40 km de Prague, puis l'envoi parfaire son éducation auprès du Roi de France et de Navarre, Charles IV le Bel, de 1323 à 1330. Le lendemain de son 7ème anniversaire, il épouse Blanche de Valois.

Il rentre à Prague en 1333. Sous son règne, Prague va devenir la capitale culturelle et économique de l'Europe centrale et l'une des plus importante ville d'Europe de part son statut de capitale impériale. D'un point de vue artistique, la Bohême va connaître son premier âge d'or sous son règne. Charles IV entreprend également une série de grands travaux qui vont augmenter le prestige de Prague et de la Bohême.

Le nouveau statut de Prague, la ville est capitale impériale et élevée au rang d'archevêché en 1344, incite Charles IV à entreprendre la construction de la Cathédrale Saint Guy, la même année. Le 7 avril 1348, il fonde l'université Charles, qui devient la première université allemande, qui ouvre ses portes en 1349, toujours en activité aujourd'hui.

Le 8 avril 1348, il fonde le nouveau quartier de Prague, Nové Město. Véritable ville nouvelle rattachée au centre ancien, le quartier possède une superficie de 7,5 km², soit trois fois la superficie de la vieille ville. Il s'agit d'un développement urbain totalement novateur et le plus grand projet d'urbaniste de tout le Moyen-Âge. Le nouveau quartier possèdent trois grands emplacements centraux (marchés au bétail, aux chevaux et au foin) mais, surtout, est issu d'une conception urbaine réfléchie avec des centralités, des axes principaux et secondaires. À cette époque, jamais il n'y avait eu d'autres villes où l'on a créé des axes de plus de 20 mètres de larges, des artères de près d'1 km et large de 60 mètres et des places dont la taille dépassait celle de la plupart des villes de cette époque. La création de ce nouveau quartier va considérablement affirmer Prague qui va devenir rapidement la 4ème ville la plus peuplée au Nord des Alpes, après Paris, Gand et Bruges et la 3ème plus grande ville d'Europe par la superficie, après Rome et Constantinople.

La même année 1848, il fonde le Château de Karlštejn situé à 25 km de Prague où il pouvait se reposer, chasser ou recevoir des visiteurs importants mais aussi comme place-forte où abriter la collection de reliques précieuses de l'Empereur. Ce château, qui est l'un des plus important en Bohême, et aujourd'hui encore considéré comme l'un des plus magnifique exemple d'architecture fortifiée gothique en Europe.

Peinture de Charles IV par Maître Théodoric
Château de karlstejn sous la neige

Il fonde en 1357 le Pont Charles reliant la Vieille Ville à Malá Strana pour remplacer le Pont Judith emporté par une crue en 1342. Avec ses deux tours, chef d'œuvre de l'architecture gothique, le Pont est le plus ancien pont de Prague.

En 1360 il ordonne la construction d'un mur de défense afin de protéger Prague des possibles invasions venues du Sud et de l'Est sur la rive gauche de la Vltava. Ce mur qui monte sur la colline de Petřín et qui est donc visible d'une grande partie de la ville, avait également comme but avoué par Charles IV de permettre aux plus pauvres de subsister grâce aux revenus qu'ils pouvaient percevoir en travaillant sur le chantier. C'est pour cette raison qu'il s'est appelé le mur de la faim.

Charles IV est également rentrée dans l'histoire en étant à l'origine de la bulle d'or qui restera la constitution du Saint-Empire Romain Germanique jusqu'à sa dissolution en 1806.

Les billets de 100 couronnes tchèques sont à son effigie.

Jan Hus

Xylographie de Jan Hus
Xylographie de Jan Hus

Jan Hus est un théologien, universitaire et réformateur religieux tchèque né dans la seconde moitié du XIVème siècle à Husinec dans le Sud de la Bohême. Important grammairien, il est à l'origine de la création du Háček (accent circonflexe inversé que l'on retrouve au-dessus de certaines lettres) dans les langues slaves comme le tchèque, slovaque, slovène, croate, bosnien, serbe. Il est surtout connu pour sa volonté de réformer l'Église dans ce qui sera les prémisses du mouvement protestant. Il est excommunié en 1411 et condamné pour hérésie par l'Église catholique puis exécuter sur le bûcher le 6 juillet 1415 lors du concile de Constance. Son exécution entraînera la création de l'Église hussite et une série de guerres de religions dont l'apogée sera la guerre de Trente ans au XVIIème siècle menée par le Saint-Empire, l'Union Catholique et la Monarchie espagnole contre tous les mouvements protestants d'Europe. Il est aujourd'hui considéré comme l'un des précurseurs du protestantisme. Les Tchèques ont fait de lui un héros national, allégorie de leur combat contre l'oppression catholique, impériale et allemande. Son supplice, le 6 juillet, est commémoré par un jour férié.

František Palacký

Portrait de František Palacký par Jan Vilímek
František Palacký par Jan Vilímek

Historien et homme politique morave né en 1798 et mort en 1876. Il est celui par lequel le peuple tchèque se forgea une histoire et a conquis les armes identitaires pour accéder à l'autodétermination et, plus tard, à son indépendance en 1918. Il est considéré comme l'un des précurseurs du renouveau national tchèque au XIXème siècle. Les billets de 1 000 couronnes tchèques sont à son effigie.

Tomáš Masaryk

Portrait photographique de Masayk par Jan Nepomuk Langhans
Tomáš Masayk par Jan Langhans

Pédagogue, philosophe et homme d'État né en 1850 et mort en 1937, il est le premier président de la première République Tchécoslovaque de 1918 à sa démission en 1935. Professeur à l'Université Charles à partir de 1882, il est rapidement très impliqué dans la vie politique.

Esprit ouvert, il a souvent pris position sur des débats publiques polémiques. Ainsi:

En 1886 il prend position contre les manuscrits de Dvůr Kralové et Zelená Hora en les dénonçant comme faux. Ces deux manuscrits découverts en 1817 et créés aux VIIIème et IXème siècles, constituaient la plus ancienne trace écrite en langue tchèque. Ces documents étaient vus par les nationalistes comme un symbole d'une conscience nationale originelle sur lequel ils s'appuyaient pour défendre la légitimité de l'identité tchèque. Ces manuscrits ont été l'objet de nombreux débats dans la société tchèque tout au long du XIXème siècle, de nombreux scientifiques et intellectuels doutant de leur véracité. Masaryk prend position contre ces manuscrits qu'il considère faux d'un point de vue historique, sociologique et littéraire. Des expériences scientifiques ont prouvé au cours du XXème siècle, qu'il s'agissait bien de faux historiques.

En 1899 il prend la défense d'un concitoyen juif accusé de meurtre rituel et victime d'une campagne antisémite. Lors de la révision du procès, Masaryk parvient à sauver la tête du présupposé coupable, qui reste tout de même en prison jusqu'en 1918, date à laquelle il est gracié. On découvrira la preuve de son innocence en 1943.

En 1909, il s'engage également à Vienne en faveur de l'homme politique croate Hinko Hinković accusé au cours d'un procès truqué.

De ce fait et de manière naturelle, Masaryk va rapidement s'engager en politique au sein du parti des jeunes Tchèques, militant pour une réforme de la monarchie des Habsbourg (régnant sur la Bohême depuis le XVIIème siècle) pour permettre plus d'autonomie.

C'est pendant la Première Guerre mondiale que le destin de Masaryk va prendre un tournant décisif. Considéré de part son engagement politique comme traitre par les autorités Austro-Hongroise, il fuit le pays pour l'Italie, la Suisse, l'Angleterre et finalement la France. À Paris il va œuvrer pour l'indépendance tchèque. Il rencontre Aristide Briand, alors président du Conseil des ministres, qu'il réussit à convaincre de la désintégration inévitable de l'Empire austro-hongrois. En 1916 il crée avec Edvard Beneš, qui sera son successeur à la tête de la Tchécoslovaquie à partir de 1935, le Conseil national tchécoslovaque. Masaryk en devient le président.

En 1917 il crée les Légions Tchécoslovaques qui vont s'engager auprès des alliés et qui vont devenir ainsi directement adversaires de l'empire Austro-hongrois dont faisait partie la Bohême. La même année il se rend en Russie, pays membre de la triple Alliance (Grande-Bretagne, France, Russie) pour militer pour l'accession de la Tchéquie au statut d'État indépendant. De là, il rejoint le Japon en train puis les États-Unis via le Canada. En mai 1918 il plaide auprès du président Woodrow Wilson la cause d'une union entre Tchèques, Slovaques et Ruthènes, s'appuyant sur le 10ème points des fameux 14 points du président américain dans lequel il affirmait la nécessité de libérer les « petites nations » d'Autriche-Hongrie. Le 29 juin 1918, la France reconnaît la légitimité du Conseil national tchécoslovaque et finalement, le 18 octobre 1918 sur les marches de l'Independance Hall à Philadelphie, Masaryk proclame l'indépendance de la Tchécoslovaquie avec la devise pravda vítězí (« la vérité vaincra »).

Avec la chute de l'Empire austro-hongrois, les alliés reconnaissent Masaryk comme chef du gouvernement provisoire tchécoslovaque. Le parlement doit débattre d'une constitution. Une fois qu'elle est adoptée, Masaryk est élu président, en 1920.

Il sera réélu en 1927 puis en 1934 avant de démissionner pour raison de santé en 1935. Sous sa présidence la Tchécoslovaquie aura réussi à devenir une démocratie avec une forte croissance économique (le pays fait partie alors des premières puissances industrielles mondiales).

Masaryk, fondateur en chef et premier président de la Tchécoslovaquie, a promu l'humanisme, l'éthique et le pacifisme. En tant que nationaliste tchécoslovaque, il s'est battu pour défendre les peuples slaves contre l'impérialisme austro-hongrois. Pendant la Première Guerre mondiale, il a défendu les droits démocratiques et la libération humaine. Il a été nominé 17 fois pour le prix Nobel de la Paix entre 1913 et 1934.

Le 7 mars 2000, à l'occasion du 150ème anniversaire de la naissance de Masaryk, sa statue de bronze a été dévoilée à l'angle nord-est du palais Salmovský sur Hradčanské náměstí, la place située en face du Château de Prague.

La plus grosse coupure de billets de banque, celle de 5 000 couronnes tchèques est à son effigie.

Alexander Dubček

Portrait photographique d'Alexander Dubček
Alexander Dubček en 1989

Homme politique tchécoslovaque, d'origine slovaque né en 1921. Il est premier secrétaire du Parti communiste tchécoslovaque en 1968-1969 et, à ce titre, une figure de proue du Printemps de Prague en 1968. Pendant 7 mois il va libéraliser la société tchécoslovaque tout en éliminant les pires et les plus répressives caractéristiques du régime communiste et en essayant de convaincre les Soviétiques et les dirigeants des autres pays du Pacte de Varsovie de son amitié indéfectible envers Moscou, arguant que les réformes relèvent de la cuisine intérieure.

Dubček introduit la liberté de la presse, d’expression et de circulation, dans la vie politique la démocratisation et enclenche une décentralisation de l’économie. Il dote le pays d'une nouvelle Constitution qui reconnaît l'égalité des nations tchèque et slovaque au sein d'une république désormais fédérale. Cette innovation politique sera la seule à survivre à l’intervention soviétique.

La période du printemps de Prague prend fin lors de l'invasion qui a lieu dans la nuit du mardi 20 au mercredi 21 août 1968. Les forces armées de cinq pays du pacte de Varsovie (URSS, Bulgarie, Pologne, Hongrie et RDA), comprenant 400 000 soldats, 6 300 chars, 2 000 canons et 800 avions envahissent la Tchécoslovaquie et impose la "normalisation" (retour à la norme communiste). L’occupation soviétique entraîne des manifestations non violentes et une vague d’émigration parmi la population tchécoslovaque. Au printemps suivant Gustáv Husák remplace Alexander Dubček à la tête du parti et la plupart des réformes libérales sont abandonnées.

Les avancées du Printemps de Prague ne sont pas rognées du jour au lendemain et Dubček conserve son poste de premier secrétaire du Parti durant sept mois et demi après l'invasion. Finalement, il est suspendu du Parti communiste Tchécoslovaque en mars 1970. Demeurant sans emploi pendant un temps, il deviendra fonctionnaire à l'Administration forestière de Slovaquie pendant 20 ans subissant le contrôle constant, agressif et avilissant de la police secrète, la StB.

Pendant la Révolution de velours de 1989, il soutient le mouvement Société contre la violence (VPN) et le Forum civique. Le soir du 24 novembre 1989, Dubček apparaît avec Václav Havel au balcon dominant la place Venceslas à Prague, où il est accueilli par des applaudissements soutenus émanant des foules de contestataires, et adulé comme un symbole de liberté démocratique. Dubček est élu Président de l'Assemblée fédérale (Parlement tchécoslovaque) le 28 décembre 1989, et réélu en 1990 et 1992.

Il meurt le 7 novembre 1992 à la suite des blessures encourues lors d'un accident de voiture survenu le 1er septembre 1992 sur l'autoroute D1.

Vaclav Havel

Portrait photographique de Vaclav Havel
Vaclav Havel en 2006

Dramaturge, essayiste et homme politique tchécoslovaque puis tchèque né en 1936. Durant la période communiste, il prend part à l’opposition à la République socialiste tchécoslovaque. En 1989, il est l’une des figures de proue de la révolution de Velours, qui met un terme au régime communiste. Il est président de la République fédérale tchèque et slovaque de 1989 à 1992, puis le 1er président de la République tchèque de 1993 à 2003. Personnalité politique atypique, généralement estimé comme une « personnalité extraordinaire » en Tchéquie, il est souvent appelé le « président-philosophe » et sa vie a été qualifiée d'« œuvre d'art » par l'écrivain Milan Kundera.

Retrouvez les volets précédents concernant la découverte de la Tchéquie avec le volet 1 sur les informations générales et le volet 2 consacré à l'histoire de la Tchéquie